Je revis, pendant ces quelques semaines en camping-car, le bonheur simple des gestes limités, d’une cuisine où tout est accessible d’un geste, d’un mouvement que je ne trouve pas réduit mais resserré autour de notre présence et nos relations.
Il fait chaque nuit et chaque matin de plus en plus froid dans le camping-car. Nous dormons enroulés serrés dans nos duvets. C’est délicieux. Le lever est plus délicat. Il faut extraire son corps de la chaleur. Impossible de faire l’économie de la sensation de froid sur sa peau. Ça ne dure pas si longtemps. Je fais chauffer du lait d’avoine. La pâte à tartiner forme un bloc compact dans son pot ; elle est notre thermomètre. Mon fils se fait cuire des oeufs. Je le vois ajouter un peu d’origan à son omelette et rien que cette image me fait ma journée. Il ne valide pas le « frigo Tetris » ; un frigo où ce que tu prends peut remettre en question l’équilibre de l’ensemble. C’est précaire, mais c’est suffisant. Tout est suffisant. Sur les banquettes, celui qui est côté fenêtre doit déranger celui qui est côté couloir s’il veut sortir. Parfois, il faut marcher en crabe, passer de profil. J’ai une tendresse infinie pour ces petits espaces qui me rappellent notre vie en mobil-home à une époque, celle en cabane à une autre. Nous n’avons pas uniquement éprouvé l’espace de vie en format réduit pendant des vacances au camping, nous l’avons vécue au quotidien. Elle a ses limites et ses inconforts, mais une grande maison aussi. Je n’ai pas fait le compte des avantages et inconvénients de chacun mais je savoure le plaisir pour moi, d’évoluer tous les quatre dans un petit espace et cela m’interroge sur la notion de confort. Je trouve plus confortable de ne pas avoir l’électricité tous les jours que d’avoir 130 m2 à nettoyer, balayer, astiquer trois fois par semaine. Je trouve mon confort dans les arbres autour de moi. Dans les oeufs jaunes de nos poules et dans le fait de pouvoir brûler quelques branches de sapin quand nous en avons besoin sans craindre d’importuner un voisin, dans celui de planter un clou dans le bois de mes murs sans avoir à négocier avec une cheville Molly qui déchiquette le placo.
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