Elle a dit : « Arrête avec tes mensonges. »

Et je me souviens de mon sentiment d’horreur. Je trouvais sa pratique profondément irrespectueuse. C’était ça que je ressentais : un manque de respect. Elle n’honorait pas le travail des écrivains, elle oubliait trop vite les héros et les héroïnes. Je la trouvais infidèle. Je la trouvais frivole. Je détestais ça.

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3 min ⋅ 10/08/2025

Cher.ère ami.e,

Elle a dit : « Arrête avec tes mensonges. » Je lis peu en vacances, d’ordinaire. Je suis assise à cette terrasse, dans une vallée où certains portent un béret. J’essaie de soutenir, par mes pensées, la maman dont le bébé si petit pleure d’une façon très violente. Je vois bien qu’à cette terrasse, il y a ceux qui vivent ici à toutes les saisons et ceux qui la rejoignent occasionnellement, qui parlent une autre langue, ont d’autres habitudes et d’autres terrasses, à eux, quelque part ailleurs. Ça se voit tellement. Je me demande où sont mes terrasses à moi.

Cette année, pendant ces vacances, j’ai beaucoup lu. Parce qu’il y avait dans ce village cette bibliothèque gérée par un CCAS, au fond si riche, si divergent, si social. Et puis, nous avons logé là, entre une librairie et une médiathèque, dans un appartement d’éditrice. Alors j’ai lu plus que d’habitude. Et j’ai dû faire cette chose étrange, naturelle mais étrange ici ; concentrée, j’étais aussi un peu enfouie dans tous ces livres et j’ai dû fournir cet effort : veiller à relever la tête. Relever le menton, relever les yeux, tendre le cou, regarder autour de moi. Cet autre décor, le rythme différent, sentir les températures, être attentive aux miens. Je me suis demandé alors : peut-on saturer de trop de fictions ?

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Par Aurélie Jeannin

Les récits que nous faisons de nous sont très puissants. Certains nous ligotent, nous limitent. D’autres nous portent de façon grandiose et libérée. Je m’appelle Aurélie Jeannin. J’accompagne par le récit, sous des formes diverses.

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