Elle a dit : « Peut-être qu’on a été trop extrême ? »

Je me demande où se trouve ce que je ne parviens même pas à nommer : le juste milieu ? Le bon dosage ? L’équilibre ?

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2 min ⋅ 07/09/2025

Avant de commencer à taper sur les touches du clavier, je regarde autour de moi, un peu dans le vide, un peu nulle part. Je laisse venir. J’attends que cela dise pour moi, que je n’ai plus qu’à écrire. Ces derniers temps, c’est un tourbillon. Par les fenêtres de mon salon qui donnent uniquement sur du vert, j’ai la sensation de voir défiler un paysage. Pas tout à fait comme dans le train. C’est un roller coaster. Plus de haut, plus de bas. Mes pensées sont des mouches qui volent n’importe comment, qui butent sur le carreau, cherchent l’issue, ne trouvent pas, font des loopings, butent encore. Ces mouches, on rêve de les écraser non ? Nos meilleurs jours, d’entrouvrir la fenêtre en priant pour qu’elles trouvent l’issue.

Je pense à ces moments-là, où l’on ne parvient pas à fixer son regard. Si l’on s’arrête en marche, le tourbillon dans la tête lui ne cesse pas. J’aime le mouvement, j’aime l’action mais je me demande quoi faire de ces moments où les mouches me réveillent la nuit, enclenchent chez moi une hyper-activité échevelée, bavarde et intranquille. Je me demande où se trouve ce que je ne parviens même pas à nommer : le juste milieu ? Le bon dosage ? L’équilibre ? J’ignore à quoi ressemble cette terre du milieu, quels sont ses contours, ce qu’on y fait, comment on y vit. J’ignore la sensation de l’eau tiède. Et je pense à ce qu’elle m’a dit, du haut de ses 12 ans : « Peut-être qu’on a été trop extrême ? » Je suis restée avec cette question et je vois bien comment elle gonfle en moi. Je n’ai pas d’autres modèles que celui des extrêmes. Ils sont ce qui a toujours borné ma vie ; excessive immobilité autant qu’action effrénée. J’ignore comment la vie peut se moduler autrement. Comment vivez-vous, vous ? Où votre équilibre et votre énergie prennent-ils place ? Comment négocie-t-on avec l’intensité ? Comment ralentit-on sans s’arrêter ? Quel poids fait votre pied sur la pédale ?

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Par Aurélie Jeannin

Les récits que nous faisons de nous sont très puissants. Certains nous ligotent, nous limitent. D’autres nous portent de façon grandiose et libérée. Je m’appelle Aurélie Jeannin. J’accompagne par le récit, sous des formes diverses.

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