Avez-vous de tels territoires ? Quels sont-ils et comment les rejoignez-vous ? Tremblez-vous comme moi, de les retrouver autant que de les perdre ?
J’écris ainsi. Sans rien savoir. J’écris avec la volonté, raide et franche. Mais mon élan est presque vide. Il est habité je crois, par quelque chose que je ne connais pas. Par une sorte d’immense disponibilité. Mes doigts au-dessus du clavier ne savent rien. Souvent, je recule. Je fais un pas en arrière parce que s’abandonner à l’ignorance et à l’inconnu est tout bonnement vertigineux. Je suis de ces écrivaines qui reculent donc. Et parfois j’y vais. Et je jouis d’y être. Parce que je fais alors l’expérience d’une foi que je ne connais pas autrement. C’est une sorte de confiance dont je ne saurai décrire aucun étai. Est-ce l’expérience des textes passés ? Le souvenir corporel des doigts qui bougent, de ce qui s’écrit par moi ? Qu’est-ce que cette foi à laquelle je souscris alors que devant la page, j’ignore encore, même au moment où je sens mes doigts toucher le clavier, ce qui va bien pouvoir s’écrire ? Et je navigue ainsi, dans cet espace de volonté raide et franche et absente et disponible. À cet endroit où je veux très fort sans rien vouloir. Où je n’ai aucune attente et aucun rendez-vous mais où je me rends quand même.
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