Depuis quelques jours, cette formule me trotte dans la tête : « Lorsqu'on est en bonne santé, on a plein de problèmes. Lorsqu'on est en mauvaise santé, on n’en a plus qu’un. »
Je glisse mes bras dans les bretelles du sac à dos. Il m’entraîne un peu en arrière. Je m’apprête à partir pour une semaine de jeûne, dans un centre dans le Vercors, qui s’appelle « La Pensée Sauvage ». Nous sommes en 2016, je crois. Je n’emmène qu’un téléphone à touches rudimentaire. Dans le train, je suis surprise par mes réflexes. Quel temps fera-t-il ? Je pense immédiatement à consulter la météo sur mon smartphone. Tiens, je ne connais pas ce mot dans le livre que je lis. Je pense immédiatement à consulter mon smartphone. La détoxication débute déjà.
Je ne sais pas si j’ai réellement envie de ne plus manger pendant une semaine. J’ai envie et besoin qu’il se passe le moins de choses possibles. J’ai envie et besoin de silence, de peu, de rien. Cela me vaudra une remarque pendant le séjour. Un entrepreneur qui vient chaque année pour perdre du poids, qui me dit que je ne vais pas suffisamment vers les autres. Sa remarque me froisse mais j’assume finalement. Je ne cherche pas à fuir la compagnie des autres, c’est juste que ce n’est pas ce que je suis venue chercher. Je suis maman de deux enfants de 6 et 3 ans, je suis à mon compte, je travaille énormément, chaque semaine j’entends des foules d’histoires qui s’accumulent dans mon être. Je veux le vide. J’en ai intimement besoin. Je veux ne pas parler, je veux ne pas réfléchir, je veux ne pas projeter, ne pas prévoir, plus encore que ne pas manger.
...