Je me demande si nous avons tous des destinations. Dans les trains qui nous emmènent, sur les routes que nous empruntons en voiture, en vélo, à pieds, sommes-nous toujours tendus vers un point à atteindre ? Avons-nous encore des errances ?
Il a dit : « On arrive bientôt ? » C’est un jour de juillet qui ressemble à un jour de novembre. La gare est triste de la même façon, celle qui n’attend rien. Moi-même, je suis un peu triste. Mais pas vraiment si j’y pense sérieusement. Les trains de juillet, peu importe la couleur du ciel, sont remplis de familles. Et d’enfants qui demandent : « On arrive bientôt ? » Celui-ci a répété sept fois sa question. Sept fois de suite, avec très peu de temps, même pas quelques secondes, entre chaque répétition. On la connaît cette litanie qui puise sa puissance dans le creux des oreilles. Quand la phrase n’a pas encore pénétré l’organe et n’a pas cheminé jusqu’au cerveau. Dans ce creux, dans ce vide, la question tourne en boucle. Un adulte, le père de l’enfant peut-on imaginer, mais peut-être son oncle, un voisin ou un ami, a fini par répondre : « Nous serons arrivés quand il y aura un grand soleil et un immense ciel bleu. Tant que tu ne vois pas ça, inutile de demander si on arrive bientôt. »
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